RECETTES
Eau de la Reine de Hongrie
Ce fut le remède à la mode du temps de la marquise de Sévigné, laquelle se chargeait de sa réclame avec le bel enthousiasme qu’elle montrait en toute chose. À base de romarin, de lavande et de menthe, ce n’était rien d’autre qu’une composition aromatique, mais elle est une vogue incroyable. Elle avait, paraît-il, guéri la reine de Hongrie Isabelle de toutes ces infirmités et redonné à celle-ci, qui s’en lavait aussi le visage, une telle beauté juvénile qu’elle fut demandée en mariage à près de 80 ans… la marquise de Sévigné disait de cette eau miraculeuse : « Elle est divine, je m’en enivre tous les jours… Je la trouve bonne contre la tristesse ». Regrettons, dans ces conditions, que la pharmacopée moderne, toujours à la recherche d’« euphorisant » n’est pas retenu la formule…
Le baume Tranquille
« Huile de narcotique ». Composé par deux capucins, les pères Tranquille et Rousseau, le remède fit fureur à l’époque, et la marquise de Sévigné, guérie par lui de ses douleurs, chantait bien haut les louanges de ce « baume souverain », qui passait alors pour guérir tous les maux. Il entrait dans sa composition au moins une vingtaine de plantes infusées dans l’huile, dont le datura, le tabac, la mandragore, le pavot et plusieurs lamiacées aromatiques et l’ensemble était corsé « d’autant de gros crapauds qu’il y a d’huile ». Les crapauds disparurent d’abord de la formule, puis, peu à peu, les plantes utilisées devinrent moins nombreuses ; néanmoins au milieu au début du XXe siècle, le baume Tranquille était encore un remède externe fort répondu contre les maux d’oreille et les douleurs rhumatismales.
Le vinaigre des quatre voleurs
C’est à Toulouse, au cours de la terrible épidémie de peste qui fit plus de 50 000 victimes de 1628 à 1631, qu’apparaît pour la première fois ce célèbre vinaigre, comme le mentionnent les registres du parlement de cette ville. Les quatre voleurs, pris sur le fait alors qu’ils détroussaient les pestiférés, révélèrent, pour avoir la vie sauve, le secret qui leur permettait de se préserver de la contagion (« après quoi ils furent pendu », ainsi que le signale froidement le compte rendu). Au siècle suivant, des voleurs de Marseille imitèrent leurs prédécesseurs toulousains lors de l’épidémie de peste de 1720. Arrêtés, on leur promit à eux aussi la vie sauve contre leur secret (mais cette fois les juges de Marseille tinrent parole !). Retrouvée au musée du Vieux Marseille, leur formule différait quelque peu de celle des voleurs toulousains. S’inclinant devant le succès de cette recette, le corps médical l’adopta, en lui faisant subir toutefois quelques modifications : le Codex de 1748 officialisa le vinaigre des quatre voleurs en lui ajoutant de la cannelle, de l’acore et surtout de l’ail. Pendant longtemps, ce vinaigre antiseptique connut des heures de gloire et ne disparut du Codex qu’en 1884. On l’employait pour se préserver des maladies contagieuses : pour cela, on s’en frottait les mains et le visage, on le brûlait dans les maisons, on en imbibait des tampons pressés sur le nez. On le respirait aussi en cas de syncope. Il est d’ailleurs encore à l’honneur dans certaines campagnes.
Préparation :
Il se prépare en faisant macérer pendant 10 jours dans 2,5 l de vinaigre :
- 40 g de grande absinthe
- 40 g de petit absinthe (c’est-à-dire l’absinthe pontique, ou romaine, originaire de la région méditerranéenne),
- 40 g de romarin
- 40 g de sauge
- 40 g de menthe
- 40 g de rue
- 40 g de lavande
- 5 g d’acore (roseau aromatique)
- 5 g de cannelle
- 5 g de girofle
- 5 g de muscade
- 5 g d’ail.
Passer avec expression et ajouter 10 g de camphre dissous dans 40g d’acide acétique cristallisé. Filtrer le liquide.
Le baume Opodeldoch
Il porte beaucoup d’autres noms, dont le savon ammoniacal camphré, le liniment ammoniacal camphré composé, la saponule ammoniacal de Steers. Composé en principe de savon animal, d’ammoniaque, de camphre, d’alcool et d’essence de thym et de romarin, cette réparation d’origine anglaise varie dans sa formule selon les différents pays d’Europe elle était très employée contre les rhumatismes et les entorses.