LE MARCILLAC, de l’abbaye de Conques à l’AOC
LES ORIGINES : L’abbaye de Conques
L’itinéraire du vin dans le vallon de Marcillac commence à prendre de l’envergure autour de l’an mille. Le cartulaire de l’abbaye de Conques dispose de chartes faisant mention d’achats, de ventes, de donations et de l’existence de vignes dans le vallon de 918 à 1027. Très vite, le vignoble prospéra. Il se couvrit de ceps, les paysans les cultivèrent pour les religieux. Une partie de la production était destinée au ruthénois. Rodez était une cité prospère, il y avait beaucoup d’échanges commerciaux.
LE VALLON, le triomphe de la monoculture
Dès le dix-septième siècle, la bourgeoisie marchande ruthénoise fit construire de nombreuses demeures dans le vallon. Elles étaient souvent attenantes à un domaine viticole. Ce dernier était reconnu pour son raisin avec son cépage idoine, le mansois appelé aussi fer servadou, il donnait un vin de qualité. En 1793, la confiscation des biens du clergé entraina la vente des vignes. Celles-ci trouvèrent des acquéreurs rapidement sur Rodez. En 1831, le vallon devient quasiment une monoculture. On y compta 2000 hectares de vignes pour 1684 récoltants. En comparaison, il y avait seulement 400 familles qui vivaient de la culture du blé. Le Marcillac était populaire dans les milieux aisés. Les ouvriers du bassin decazevillois l’appréciait aussi beaucoup. Ces derniers ont stimulé la demande, il s’ensuivit la création de nouvelles plantations.
LES CALAMITES qui s’enchainent sur le vignoble
A la fin du dix-neuvième siècle, les riches propriétaires terriens vont se désintéresser de la vigne. Le vin du vallon va traverser une période difficile avec l’apparition de maladies qui vont semer les doutes chez le vigneron. C’était l’époque de l’oïdium, du mildiou, du black-rot ou encore du phylloxéra. Pour en venir à bout de ce dernier, les viticulteurs arrachèrent les vignes et utilisèrent des portes greffes américains. Désormais, les vignes étaient plantées sur des gradins étroits et peu accessible ce qui rendait difficile leur exploitation. En 1956, la vigne fut victime des caprices du temps avec un hiver très froid qui détruisit presque la moitié du vignoble. Le vin du vallon allait trouver grâce aux mineurs decazevillois qui l’appréciait. Il passait d’un vin de bourgeois à celui de prolétaire.
Du retour en grâce jusqu’à l’AOC
Quelques vignerons refusèrent ce déclin et s’engagèrent sur la voie de la qualité et de la reconnaissance. Ils créèrent une coopérative et replantèrent sur les terrasses. En 1965, l’obtention du label vin de qualité supérieure (VDQS), c’est un coup de peps à la viticulture dans le vallon. Les vignerons décidèrent de réaménager le vignoble pour mécaniser à minima les travaux en créant des terrasses étroites. En 1990, ils obtinrent le Graal avec l’appellation d’origine contrôlée devenue aujourd’hui contrôlée (AOC). Le Marcilhac après des années de lutte pouvait tourner vers les yeux vers l’avenir pour jouer dans la cour des grands.