L’arrêt forcé de la culture lui aura, au moins, permis d’écrire. Son livre “Il était une fois le cirque », à peine sorti en mars dernier, le Firminois Monsieur Loyal du cirque Amar prépare pour l’année prochaine « Le petit guide de Monsieur Loyal ».
Vous avez pu reprendre votre tournée le 19 mai, soulagé ?
Ça fait bizarre, soulagé, oui, mais tout le monde ouvre le parapluie. Les tournées sont décalées, le Covid a fait des dégâts. Nous encore, le cirque, on se débrouille, on est autonome, on n’a pas d’aides de l’État mais pour d’autres, c’est tragique. Le spectacle vivant, c’est fragile, sacerdotale.
Le spectacle s’appelle « Poésie : en piste au cœur de l’œuvre », pourquoi ?
C’est un hommage aux peintres, aux écrivains qui ont été inspirés par le cirque comme Toulouse-Lautrec, Picasso, Calder, Cocteau, Hemingway ou actuel comme François Morel, Esposito…C’est la volonté de montrer les différentes facettes artistiques du cirque qui est un art populaire, fait de saltimbanques, de troubadours qui s’installaient en ville, alors qu’on le réduit, le stigmatise. J’invite les politiques à venir, c’est une belle leçon d’humilité.
La présence des animaux sauvages au cirque revient sur le devant de la scène, est-ce la fin ?
Les médias ne parlent que de ce sujet pour traiter du cirque. Il n’y a pas que des animaux au cirque, il y a aussi des artistes. Il n’y aura bientôt plus d’animaux dans la nature, seulement au cirque. La haine sur la toile a aggravé le sujet alors qu’il y a beaucoup d’ignorance. Ce problème a toujours existé à cause de quelques brebis galeuses, tout le monde a morflé. Ce ne sera pas la peine de faire une loi, bientôt il n’y aura plus de dresseur. Tout le monde ouvre le parapluie, écoute des associations du bien-être animal qui n’ont pas les compétences alors que c’est régit par la loi. On va vivre plus vieux mais on s’emmerde.
Comment voyez-vous le cirque demain ?
Il faut être réaliste, tout change, on est à une époque charnière. J’ai des craintes pour l’avenir. Tout est aseptisé, il ne se passe rien, les gens ne croient plus en l’avenir. La société se crispe, on perd nos libertés, depuis trente ans que je sillonne la France je peux dire que les gens sont remontés, les politiques sont en circuit-fermé, dans l’entre-soi, alors que ce qui m’intéresse c’est la diversité. J’aime l’esprit de groupe. Je fais le cirque pour vivre et échanger. Aujourd’hui, c’est diviser pour mieux régner dans une société individualiste et une époque aseptisée, superficielle. Il n’y a plus de fantaisie, on se nourrissait de l’autre avant, des échanges. Les gens sont têtes baissées sur les écrans des téléphones, c’est génération tête baissée. C’est compliqué d’être optimiste.
Avez-vous encore des rêves, quels sont vos projets ?
Quand j’étais jeune et que je voulais faire du cirque, l’Éducation Nationale m’a orienté vers l’horticulture…Il ne faut jamais bloquer les rêves. Alors je donne des conférences pour encourager, transmettre. En parallèle, nous continuons à tourner, cet été, nous sommes en Savoie et Haute-Savoie. J’envisage un événement l’an prochain à Rodez autour du cirque, sous la forme d’un festival, avec des conférences, pièces de théâtre, etc. car on met tout le monde dans des cases, avec des étiquettes, alors que l’on s’enrichit de l’autre. Il faut décloisonner. Il n’y a pas plusieurs cirques comme on veut le faire croire, le cirque c’est comme la musique, il y en a pour tous les goûts et tous les genres. J’ai aussi en projet un autre livre, prévu l’an prochain, “Le petit guide de Monsieur Loyal”.
A PROPOS DE
STEPHAN GISTAU :
- Fondateur du conseil des sages du cirque classique Français en 2016
- Ambassadeur de l’Union des écrivains de Rhône Alpes Auvergne et association des écrivains et du spectacle vivant
- 150 villes traversées sur 11 mois en moyenne depuis 30 ans
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