La douceur de sa voix, la couleur de ses cheveux contrastent avec sa détermination. Une détermination qu’on perçoit quand elle vous plante son regard bleu, dans les yeux, comme pour vous accrocher, à son discours.
Camille Vezy-Guillot, 35 ans, est infirmière libérale. Un métier qu’elle conçoit comme un vocation, toute tournée vers l’être humain. « Quand on fait ce métier, on rentre dans l’intimité des gens. Je ne fais pas que des gestes techniques. C’est un métier multidimensionnel, où l’on est à l’écoute », explique la jeune femme. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée comme confidente d’une femme battue, sur le Nord Aveyron, où l’infirmière exerce son métier. « Un jour, j’ai senti que cette dame voulait me parler. J’ai pris un café avec elle. Elle m’a tout dit, sur les violences subies, depuis plusieurs années. Quand elle est allée voir les gendarmes, ils lui ont dit : alors ma petite dame, vous ne l’auriez pas un peu cherché votre mari ? ». Des propos qui résonnent encore dans la tête de la jeune femme. Elle en est encore choquée. Non formée pour le traitement de ces violences, elle a eu le réflexe de l’orienter avec les associations de victime.
De confidente, parfois elle passe à « exutoire ». « Les patients s’énervent contre moi, s’agitent, mais je m’aperçois rapidement, qu’ils veulent parler, tout simplement ». Faute de curés dans les campagnes, elle fait aussi office de confessionnal. « Des gens me racontent leurs histoires de familles, leurs secrets. Souvent, je ne sais pas quoi en faire. Je reste à l’écoute, tout simplement. Je suis amenée à faire du relationnel entre les personnes âgées, leurs enfants et petits-enfants qui habitent loin, tout en culpabilisant de ne pas être avec leurs parents. Sur le Nord Aveyron, beaucoup de « bougnats » sont rentrés au pays, mais une partie de la famille est restée à Paris. Ces personnes âgées sont donc isolées », ajoute la jeune libérale. « Il y en a qui me traitent comme leur petite fille. Ils me disent que je suis leur rayon de soleil », confie Camille avec un sourire de gratitude.
Malgré les 300 km parcourus par jour, malgré les journées à rallonge (de 6 heures à 22h), Camille Vézy trouve le moyen de s’engager, encore plus.
C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée avec Christine Corail et Sylvie Vézy, deux autres soignantes à monter l’association « Cœur de soignant 12 ». Durant le confinement et par la suite, elle et ses consœurs ont vécu des mois extraordinaires de solidarité et de fraternité. Elle projette d’ailleurs de continuer à œuvrer pour les Ehpad, les MAS, les IME…avec l’aide du réseau des couturières indépendantes. Elles continueront aussi la collecte de jouets pour les offrir aux enfants défavorisés par la vie. Elles ont bien d’autres projets en cours, dans leur hotte de Mères Noël.
Mère de deux enfants, Camille Vézy donne son compter. Car ce qui l’anime, c’est de « laisser une trace, la plus lumineuse possible. Je veux donner le meilleur de moi, avant de partir », se projette la jeune femme. A 35 ans, elle se sait mortelle. Alors elle vit intensément. L’énergie de son âge et de ses convictions lui font accomplir des miracles. C’est humanisme et avec son intuition qu’elle va vers les gens, « les humains », comme elle les appelle affectueusement. Elle est toujours dans un élan, à la recherche d’un pacte d’alliance pour soigner les blessures visibles et invisibles.
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