Artiste « multicartes », défenseur de la langue occitane, musicien, poète, écrivain, conférencier, spécialiste des quilles de huit, figure de la vie culturelle ruthénoise… René Duran s’est éteint. Nous avions eu de nombreuses collaborations : Labels Oc-Sonic et Dralhe, la revue Tocade, Aveyronline.com…Tu nous manqueras et tout particulièrement ton rire si caractéristique qui concluait régulièrement tes interventions…
Retour sur un article qui nous lui avions consacré dans le cadre du siècle Soulages en Mai 2019…
René Duran hante le paysage artistique occitan depuis des années. Le Siècle Soulages lui donne l’occasion de présenter, à sa façon, les tendances de l’art contemporains que Pierre Soulages a pu côtoyer.
Le discours fleuri et abondant, piqueté d’anecdotes et de souvenirs, n’est pas toujours évident à suivre. Mais une vérité s’impose : René Duran est un pur, sa passion pour l’art sous toutes ses formes n’est pas feinte et il aime partager ses idées.
Pourquoi vous avoir choisi pour présenter les écoles d’art plastiques que Pierre Soulages a croisé sur sa route de la création ?
A Rodez on connaît mon parcours, que je qualifie d’éclaté et autodidacte. Je m’intéresse à l’écriture, aux arts plastiques, au rock, à la tradition occitane, au théâtre, au sport. J’ai eu l’occasion de rencontrer ces écoles de l’art contemporain qui ont existé en même temps que Pierre Soulages bâtissait son œuvre à lui, tellement étendue dans le temps qu’il les a toutes croisées. Je ne veux pas dire qu’elles l’ont influencé, mais je veux montrer l’environnement artistique du 20 ème siècle qui est très riche. Je veux aussi montrer un art décentralisé, déconcentré, puisqu’il est né à Nice avec Yves Klein et Arman dans les années 1950 et s’est poursuivi avec le courant Fluxus et Ben Vautier dans les années 60 ; à Sète avec Di Rosa, Combas, le MIAM, la figuration libre; à Nîmes avec Support/Surfaces et à Rodez avec l’art approximatif et négligé dont je fais partie avec Jean-Luc Fau, chef et artiste, Papillion, mon complice du rock, l’importance de la Mostra del Larzac où, ne l’oublions pas, Soulages était l’invité d’une des premières éditions. Je parlerai aussi de le Seconde école de Paris, à laquelle on raccroche Soulages.
Vous pensez que Soulages se définit par rapport à l’école de Paris ?
Il l’a fréquenté mais il s’en démarque. Cette école s’est quasiment éteinte au moment où apparaissait celle de Nice, et en particulier Yves Klein. Mais Soulages, par la longévité de sa création, reste pratiquement le dernier des abstraits en France. Je vais d’ailleurs donner la parole à Christelle Darras, historienne de l’art, qui évoquera cette période.
La rétrospective Klein au musée Soulages c’est pour vous un clin d’oeil de l’histoire de l’art contemporain ?
Ah oui, et comment ! On peut dire, en forçant un peu le trait, que Klein et Arman ont brisé l’hégémonie de l’Ecole de Paris, et de Soulages, sur l’abstraction à la fin des années 1950. Je vois un autre clin d’œil. Celui du choix de Soulages de s’installer à Sète, une ville où la création bouillonne sous toutes ses formes, mais dont il se tient éloigné.
Avec l’art pictural et le rock, le rugby et les quilles de huit sont vos autres domaines de prédilection. C’est étonnant, la plupart du temps, sport et art ne se mélangent pas.
J’aime me définir comme « multimedias »… à la croisée de plusieurs expressions dont le sport fait partie. J’ai tenu la chronique « rugby » de la Dépèche pendant 25 ans parce que le rugby, comme les quilles de huit, sont une expression de notre région. Je m’implique autant dans l’art plastique, le sport ou la musique, sans me considère spécialiste d’aucun.
Avec qui vous sentez-vous le plus à l’aise ? Les artistes ou les sportifs ?
Sans doute avec les sportifs. Je trouve qu’ils sont plus modestes, moins égocentriques que les artistes dans leur démarche. A part dans le rock où le collectif est important. C’est sans doute lié à la solitude de la création.
Quelle sera votre actualité après cette série de conférences ?
Je vais intervenir dans une sorte de manifestation pour la défense des ouvriers de la Bosch… Il faut que les artistes gardent leur autonomie mais je pense qu’ils doivent aussi pouvoir s’impliquer dans un mouvement social, avec leur expression. C’est ce qui se fait à Decazeville avec le collectif « Tous ensemble » autour du club de rugby qui se mobilise pour la défense de l’hôpital local. Et à la rentrée, à La Cabane, chez Christiane Phalip à Tayrac, nous exposerons des peintres de Support/Surfaces de Limoges.
Souvenir en images du Service Patrimoine du Grand Rodez…
Nous vous partageons ce souvenir en images grâce au service patrimoine de Rodez agglomération qui l’avait mis à l’honneur dans un de ses opus de « Paroles de Ruthénois ».
Retrouvez les lettres de René Duran à cette adresse : cliquez-ici