Au jeu de la vie et du hasard, Frederik Camacho ne s’en sort pas si mal. Ce jeune homme de près de 25 ans, Vénézuélien, poursuit ses études de musique à Lausanne en Suisse, où après avoir été Bachelor à la Haute école de musique de la ville, le voilà poursuivant sa route diplômante vers le Master et plus encore. Son instrument j’allais dire de vie ? Le violon. Un instrument qu’il pratique depuis l’âge de 7 ans et avec lequel il est quasiment fusionnel. Au Venezuela, sa virtuosité fut reconnue dès ses 11 ans avec les premiers prix glanés ci et là, en soliste ou en orchestre.
On pourrait croire alors que Frederik Camacho se préparait à un univers radieux dans le monde de la musique, mais ce fut plus compliqué que cela. Nous étions au Venezuela et la famille de Frederik ne roulait pas sur l’or. Mais vivait là-bas une professeur de musique française, Virginie Robilliard, qui fut frappée par la qualité de jeu du jeune Frederik. « Un talent pur-sang », dira-t-elle.
On n’est plus très loin de l’Aveyron, un département que le jeune pur-sang Camacho va découvrir en 2012, invité pour une master class à Las Canals, dans le vallon de Marcillac. « L’Aveyron, c’est le premier endroit que j’ai connu en France, dit Frederik Camacho. Petit à petit, il y a des familles qui se sont intéressées à ma vie, ma carrière, mes études…Des gens que j’ai connus dans les concerts, et certains avec qui j’ai lié une amitié très forte, comme Danièle et Jean-paul Laffly, NDLR ». Deux ans plus tard, le jeune violoniste pétri de talent se retrouve à étudier au Conservatoire régional de Paris. Déjà aidé par une association aveyronnaise, et par Virginie Robilliard, à laquelle Frederik a écrit pour lui demander aide et conseils, et qui l’a pris sous son aile. Lui conseillant Paris, et ensuite l’invitant à la suivre lorsque celle-ci devint professeur à Lausanne. « Il s’est retrouvé en France sans rien, sans ressources », raconte Jean-Paul Laffly, le trésorier de l’association Émotions musicales, basée à Salles-la-Source.
Émotions musicales, dont la raison sociale est d’« aider des jeunes étudiants talentueux , sans ressources, afin de leur permettre de poursuivre des études dans le domaine des arts qu’ils ont choisis », est l’association dissidente de la première association aveyronnaise venue porter un soutien financier à Frederik Camacho. Dans le but justement de poursuivre ce soutien au jeune virtuose.
Pourtant, au Venezuela, « j’étais dans une famille aisée, mon père architecte, ma mère professeur. Mais avec l’inflation et tous les problèmes qui ont contribué à détruire l’économie du pays, ma famille s’est retrouvée en difficulté financière en deux ans. »
Il n’y avait donc que le mécénat pour que Frederik puisse poursuivre son rêve. Et l’Aveyron, dont il aime « la nourriture, les gens, la musique », est pour lui comme un petit Eldorado. « On arrive à lui payer à peu près la moitié de ses besoins », confie M. Laffly. Comment ? Par les cotisations de ses membres, et aussi en l’invitant, ces dernières années, à venir jouer dans de nombreux lieux en Aveyron. « Le prix d’entrée de ces concerts est en participation libre, dit encore Jean-Paul Laffly, et évidemment tout lui revient. Ensuite, il trouve des façons de gagner l’argent qui lui manque. Par exemple, il a été invité à jouer dans un quintet qui s’appelle Bel Tango, c’est une formation qui tourne dans l’Europe entière. »
En Europe, et en Aveyron au joli mois de mai prochain, à Saint-Geniez-d’Olt, pour le festival de tango. « C’est en projet, précise Frederik. Peut-être pas à Saint-Geniez, mais ce qui est sûr c’est qu’on fera un concert en Aveyron ». Sans compter qu’il reviendra cet été charmer pour la 5e année consécutives les oreilles aveyronnaises en divers lieux du département. « Je ferai beaucoup moins de concerts, tempère Frederik, puisqu’avec le quintet nous avons des concerts aussi, en Allemagne notamment. Mais ce sera dans des lieux beaucoup plus gros. »
Pour quelques années encore, très peu assurément au vu du talent du bonhomme, les Aveyronnais d’Emotions musicales seront à ses côtés. Le temps que Frederik Camacho acquiert tous les diplômes nécessaires, les rencontres et l’expérience, pour asseoir définitivement sa carrière. Et voir si sa famille a besoin de lui, là-bas, au Venezuela.

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