Retraité de son entreprise d’élagage, Philippe Faure demeure un amoureux des arbres, en particulier ceux des villes, qu’il observe depuis longtemps.
Il a fondé Arbo Parc et s’est taillé une belle réputation dans les domaines de l’arboriculture ornementale et du paysage. Ces années passées à sillonner le département l’ont amené à réfléchir à la place de l’arbre dans la ville. Et dans nos vies. Car à la différence de l’arbre en forêt destiné à la production de bois, l’arbre urbain existe pour le plaisir de l’oeil et la permanence de nos mémoires.
Dans une ville comme Rodez, qu’est-ce qu’on attend de l’arbre ?
Sa première fonction est de contrebalancer le côté minéral des bâtiments. De plus, on s’est aperçu que du végétal dans les espaces bétonnés génère un climat d’apaisement. Ensuite, un arbre amène tout une biodiversité. Mais un arbre en ville, c’est compliqué. Il faut analyser l’emplacement et la variété avant de se lancer dans une plantation.
Il y aurait donc des variétés d’arbres à choisir plutôt que d’autres ?
La ville et ses habitants ont besoin de diversité. Pas très loin d’ici, une commune a choisi de n’installer que des platanes. Outre le côté esthétique discutable, c’est risqué, car à chaque arbre est associé un parasite, champignon ou insecte. Choisir des tilleuls, des platanes, des marronniers, oui, mais pourquoi pas des ginko biloba, des sophora du Japon ? ce sont des arbres magnifiques qui s’acclimatent bien.
Une fois définies les espèces à planter que faut-il faire ?
Il faut se projeter dans le futur, imaginer ce que sera l’arbre dans le siècle, sa hauteur son volume. Se souvenir que l’on plante un patrimoine destiné à la génération suivante. Voila pourquoi je trouve dommage que les gens et les communes suivent des modes. Un olivier ou un palmier n’ont rien à faire sous nos climats et dans notre environnement aveyronnais. De même, les pins parasols qui se multiplient dans les nouvelles zones d’habitation, sont difficiles à contenir dans de petits espaces et difficiles à élaguer.
Qui dit patrimoine dit arbres remarquables…
On en parle souvent, mais les futurs arbres remarquables de nos arrières petits-enfants ne sont pas plantés aujourd’hui, contrairement à ceux de Sully qui a pensé à nous il y a plus de 400 ans… Un arbre peut être remarquable par son histoire ou sa taille, mais c’est d’abord un symbole.
La notion de temporalité est difficile à faire passer auprès d’élus qui raisonnent sur le temps de leur mandat. Alors que proposez-vous ?
Dès qu’un espace est aménagé en ville, il faudrait y planter un arbre en port libre, c’est à dire jamais taillé : c’est le bourgeon terminal qui guide la structure de l’arbre. Ensuite on le laisse pousser et il va vivre sa vie. C’est pourquoi je vais relancer à l’automne une association en sommeil actuellement. Le but sera de trouver des espaces publics, un carrefour, devant une chapelle, une école, et d’y installer juste un arbre. Le coût est minimum, en port libre, pas d’entretien. Nous planterons les arbres remarquables de demain.
Un dernier conseil pour choisir un arbre ?
Acheter des arbres en racines nues, et non pas en containers, ce qui évite qu’une racine que l’on n’aurait pas vu vienne nécroser les autres. Avant de choisir un arbre d’abord le voir adulte, par exemple à l’arboretum de Vabre sur la commune d’Onet-le-Château, qui compte 114 arbres et 105 arbustes d’origine locale ou acclimatée âgés d’une trentaine d’années.
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