Denis Poracchia nous a habitué à ses images subaquatiques de grandes qualités réalisées pour France Télévision ou le National Geographic. La dernière création de cet infatigable curieux est un hymne à la vie sauvage de l’Aveyron. 50 minutes en apnée devant la beauté.
Poracchia ne tient pas en place. Toujours à sillonner les Causses et l’Aubrac, à remonter le Lot ou à descendre l’Aveyron, à chercher les lumières et la vie sauvage qui le fascinent. La retraite venue, il peut se consacrer entièrement à sa passion.
– C’est votre premier 50′, un format forcément plus exigeant que les vidéos que vous avez déjà consacrés à la vie subaquatique.
Je voulais quelque chose de plus construit, raconter une histoire qui me tient à cœur autour d’un petit scénario. C’est Stéphane Sichi, de La Nauze Audiovisuel, qui m’a dit « On le fait ». J’avais déjà des heures de rushs sur les rivières et les lacs de l’Aubrac, l’idée de gamins demandant à leur papy d’où venait l’eau du Lot nous a séduit, elle est possible et simple, les personnages relient les saisons et les lieux, le dialogue est minimum pour laisser la plus grande part aux images.
– Combien de temps de tournage ?
Deux ans et demi pour le tournage et le montage. J’ai voulu montrer les quatre saisons de la nature, il a fallut faire des aller-retour entre l’Aubrac, le Lot et les lacs. Et puis les animaux ne viennent pas se présenter spontanément sous l’objectif, il faut attendre des heures, des jours parfois.
– Qu’est-ce qui vous a guidé dans cette réalisation ?
Je veux faire partager ma passion pour la nature de ce département. Dans beaucoup d’endroits elle est encore sauvage, à portée de l’oeil, pas besoin d’aller loin pour la voir, parfois un simple ruisseau, un étang… C’est aussi une façon d’appeler à la respecter.
– Comment avez-vous travaillé ?
Je connais bien les coins, depuis le temps ! Je me suis entouré des conseils des associations de pêche et de la LPO de l’Aveyron. Je n’avais jamais vu de cingle plongeur, mes amis m’ont conseillé de l’apprivoiser en m’approchant chaque fois un peu plus. Il est très curieux, il est venu tout seul voir le caisson que j’avais immergé.
– Quelles ont été les zones de tournages ?
Je me suis concentré sur les boraldes de l’Aubrac, en particulier le Merdanson, où il y a des truites fario spectaculaires et des barres rocheuses sur son cours. Le lac de Castelnau de Mandailles est intéressant pour les carpes et les silures. J’avais déjà tourné des images de ce poisson, j’y suis revenu en hiver et j’ai eu la chance de voir ce qu’on appelle une boule de silures d’une trentaine de poissons qui se rassemblent et se tournent autour lentement. Il semble que ce soit pour se réchauffer… J’ai eu aussi des échecs. Un jour je suis tombé sur une hermine. C’est très rare. Elle était en train de déterrer un cadavre de mulot, j’étais mal placé, je n’ai pas pu filmer, je me suis contenté de la regarder. C’est ce regard que je veux partager…