Génération Climat : entretien avec Léon Thébault

Depuis plusieurs années les mobilisations de la jeunesse pour le climat se multiplient. Marches, grèves du vendredi ou actions coup de poing, autant d’outils que les jeunes générations n’hésitent plus à utiliser pour alerter sur l’urgence écologique. Cette Génération Climat, qui devra affronter les conséquences désastreuses du changement climatique, marque l’avènement d’une génération engagée et déterminée à agir. Aujourd’hui, leur engagement n’est plus seulement associatif mais aussi politique. De nombreux jeunes ont décidé de s’engager en politique afin de porter leurs idées au sein de notre démocratie. C’est le cas de Léon Thébault, originaire de l’Aveyron, qui a accepté de répondre à nos questions. 

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours politique ?

« J’ai 20 ans et j’ai grandi à Marcillac-Vallon en Aveyron. Aujourd’hui je suis étudiant à Sciences Po Paris, mais je reste très attaché à mon territoire d’origine. D’ailleurs, j’ai commencé à prendre conscience de l’enjeu écologique grâce à la richesse naturelle de ce département. Un département sauvage et préservé mais qui est de plus en plus menacé par l’effondrement de la biodiversité, l’artificialisation des sols ou les périodes de sécheresse. Finalement, l’Aveyron a construit mon engagement et mes valeurs. 

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Je me suis engagé pour la première fois à 17ans, dans le cadre des marches pour le climat. Avec des amis nous avons lancé la première marche des jeunes pour le climat à Rodez. Nous étions alors 600 étudiants à descendre dans la rue pour demander à nos élus d’agir face à l’urgence climatique.

Ensuite, j’ai débuté mon engagement politique lors des élections municipales, en rejoignant Europe Écologie Les Verts (EELV). J’ai alors découvert une autre manière de s’engager et de défendre ses idées.  

Puis en septembre 2020, avec le soutien de Julien Bayou (Secrétaire national du parti EELV) j’ai lancé la première antenne étudiante EELV à Sciences Po Paris. L’idée était de permettre aux jeunes de s’engager en politique pour défendre l’écologie et la solidarité. Depuis, deux autres antennes étudiantes ont ouvert à la Sorbonne et à Assas. Et maintenant nous travaillons à la création de nouvelles antennes un peu partout en France, pour donner les moyens à la jeunesse d’agir pour son avenir. 

Actuellement, je suis candidat aux élections départementales en Aveyron sur le canton Vallon, aux côtés du Printemps Aveyronnais qui est un rassemblement de la gauche et des écologistes.

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Pourquoi vous êtes-vous engagé en politique ? 

« La raison profonde de mon engagement politique est lié à la nécessité d’agir. Face aux crises sociales et écologiques que nous connaissons, c’était tout naturel pour moi de m’engager pour défendre mes convictions et essayer, à mon échelle, d’apporter des solutions. Parce que l’engagement, qu’il soit associatif, politique, syndical ou même individuel, est plus que jamais nécessaire. 

Cette nécessité est d’autant plus forte que ma génération sera la première à devoir affronter les conséquences dramatiques du changement climatique. Il est donc nécessaire qu’elle soit représentée au sein des instances démocratiques pour faire entendre la voix de l’urgence écologique. Nous devons donc construire une démocratie trans-générationnelle où toutes les générations seront représentées. 

D’autre part, même si aujourd’hui la notion d’intérêt général est largement galvaudée, elle reste au cœur de mon engagement. Pour moi, s’engager en politique c’est s’engager pour la société, pour la vie de la cité. »

Est-ce que c’est facile aujourd’hui de s’engager en politique quand on est jeune ? 

« Non pas du tout, quand on est jeune on n’est pas pris au sérieux. D’ailleurs, il suffit de regarder la représentation des jeunes dans nos instances démocratiques. Que ce soit à l’Assemblée Nationale ou au Sénat, très peu d’élus ont moins de 30ans. Même dans le cadre de l’engagement associatif la jeunesse a tendance à être discréditée. Depuis quelques années on constate de légères améliorations mais le chemin est encore long pour que ma génération puisse s’engager au même titre que nos ainés. 

Les jeunes sont essentiels dans notre démocratie et notre démocratie doit parvenir à leur parler mais aussi à les écouter. Nous sommes les citoyens de demain et actuellement la hausse de l’abstention, notamment chez les jeunes, nous mène droit dans le mur. C’est pour cette raison que notre démocratie doit se renouveler afin d’intégrer pleinement notre génération. Si l’abstention des jeunes est aussi forte c’est notamment parce qu’ils ne se sentent pas représentés en politique. »

Pensez-vous que les jeunes sont plus ou moins engagés qu’il y a 20 ans ? Pourquoi ?

« Les jeunes sont toujours engagés et peut être même plus qu’il y a 20ans. On le voit notamment par leur forte mobilisation lors des marches pour le climat. Cet engagement est moins structuré qu’auparavant mais toujours existant. 

Le développement du numérique a d’ailleurs renforcé l’engagement de ma génération, en permettant un accès continue à l’information et aux moyens d’actions.

Par contre, l’engagement politique au sein des partis ou des syndicats est en recul. Mais les jeunes ne sont pas responsables de cette évolution. Souvent on entend dire que la jeunesse devrait se réveiller, mais elle est déjà réveillée et souvent plus que nos ainés. Si on veut que la Génération Climat s’engage en politique, si on veut stopper l’abstentionnisme, ce sont nos vieux systèmes politiques qui doivent se réveiller et s’adapter. 

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Autrefois les partis politiques avaient un rôle de politisation de la jeunesse, un rôle aujourd’hui en déclin. Il nous faut agir sur cette dimension, il nous faut aller dans les facs, sensibiliser, militer et donner les moyens aux jeunes d’agir pour leur avenir. C’est ce que nous faisons avec les antennes étudiantes EELV. »

Comment les jeunes peuvent-ils s’engager pour l’écologie selon vous ? 

« Il y a de nombreux moyens de s’engager. Les associations écologistes sont en ce sens essentielles. Il y a aussi les mobilisations citoyennes telles qu’avec les marches pour le climat ou les grèves du vendredi. Des mobilisations que nous devons soutenir et qui ont permis de faire émerger ces questions sur la scène nationale et internationale.

Et puis il y a les partis politiques, souvent délaissés par ma génération, mais qui sont pourtant des lieux essentiels du combat écologique. Nous transformerons notre société dans la rue mais aussi dans les assemblées démocratiques. Avoir des élus écologistes c’est un formidable moyen de faire avancer notre cause. Toutes les formes d’engagements sont nécessaires et complémentaires. »

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Que souhaiteriez-vous dire à ceux qui nous lisent aujourd’hui ? 

« N’ayez pas peur de vous engager, n’ayez pas peur de la politique car c’est un formidable moyen d’action pour défendre l’écologie et lutter contre les inégalités. 

Après avoir marché et dénoncé l’inaction de nos élus, vous pouvez aujourd’hui participer à construire la société de demain. Puisque nos parents ne l’ont pas fait, prenons notre avenir en main ! »

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Plus d’infos : www.generation-climat.org

  

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