Sommaire
◼︎ Quelques brèves et actualités du Ruthénois
◼︎ RENCONTRE :
Le Père Noël
◼︎ PORTRAIT :
Guy SOUNILLAC
Peignant chemin faisant
◼︎ LE DOSSIER :
BONNE DÉGUSTATION…
▸ Huître tiédi au persil
▸ St Jacques, sauce au lard et légumes
▸ Pitchounel et mildiou à la crème de mâche
▸ Chocolat et agrumes
◼︎ LA RECETTE DU MOIS
COURGE BUTTERNUT AUX LÉGUMES D’HIVER
◼︎ UN NOM… UN LIEU, UN MONUMENT…
ROLAND BOSCARY-MONSSERVIN
◼︎ Nos coups de coeurs & bonnes adresses
Illusions perdues
Les Restos du Cœur arpentent désormais la campagne aveyronnaise, de l’Aubrac au Lévézou, à bord d’un camion avec un logo miniature pour dissimuler la pauvreté. Une campagne désormais annuelle et non plus hivernale. La précarité ne s’affiche pas car elle est partout. La hausse des factures d’énergies met en avant les quelque douze millions de Français qui n’arrivent pas à se chauffer. Le froid brûle et tue, la caravane passe.
« Les temps changent » chantaient Bob Dylan. La mémoire se perd et les gens n’ont plus de repères. Le jeu du marché comme des dupes, est celui du « theatrum mundi ». Il suffit de (re)lire les « Illusions perdues » de Balzac, porté à l’écran par Xavier Giannoli pour constater que le monde ne change pas. Aujourd’hui, ce masque est sur nos visages, au milieu de la figure. Et comme le chevalier de la triste figure, nous nous battons contre des moulins à vent. Tout est virtuel, tout se cache dans le faux. Le faux de l’info, dite fakenews, menant à la faux. Les nouvelles technologies sont les nouveaux jeux du cirque, la caravane s’amasse.
Une nouvelle vague s’apprête à submerger l’altérité. La virtualité a pris le pas sur la réalité, emportant dans son élan la fraternité. Une mise en scène permanente comme ces migrants alignés au premier plan à la frontière polonaise par la Biélorussie. Du vrai du faux, d’une info sans complot qui chasse l’autre, l’être est emporté par les flots du repli sur soi. On voudrait donner des nouvelles fraternelles mais l’absurdité semble avoir tout emporté. La caravane est l’arche de Noé.
Et Noël arrive avec son manteau de gratitude. Les êtres croient changer de vie, c’est devenir un autre qui porte. Brûler le feu chante Juliette Armanet. Résister. Craquons l’allumette comme cette petite fille dans le froid Danois. Respirer. Souffler sur les bougies, éteindre les ténèbres pour allumer le jour. Ouvrir les yeux avec son cœur. « Quoiqu’il arrive, j’apprends. Je gagne à tout coup », a écrit Marguerite Yourcenar. On voudrait tant y croire. Se nourrir des autres. La caravane, comme le camion des Restos passe, avec nos illusions perdues.
La rédaction